L’année 1914 se terminant, l’Etat-major découvre qu’il n’y a pas de solutions classiques à la paralysie du front: il faudra patienter jusqu’au printemps pour reprendre l’offensive et –espérons-le- faire un sort définitif à l’ennemi; la défensive a fini par s’imposer sur l’offensive, moins coûteuse en hommes (300 000 Français et 260 000 Allemands sont morts en 1914, ce qui en fait l’année la plus meurtrière de la guerre) mais démoralisante. Chaque camp, dans le froid, l’humidité et l’ennui, tient ses tranchées. Le Généralissime Joffre, patelin, invente un nouveau terme qui fera florès en 1915: le grignotage, dont on a vu quelques exemples dans les attaques peu fructueuses menées en octobre et novembre au Bois d’Ailly.
Les Allemands quant à eux, rêvent d’un plan Schlieffen à l’envers : repartir à l’assaut de la Russie, pour voler au secours de l’Autriche en diffficulté, quitte à dégarnir un peu le front de l’ouest, figé par l’hiver.
Alors vivement 1915 pour que cette guerre finisse !… l’illusion continue
A l’arrière on s’envoie des cartes de vœux comme celle-ci, avec de jolis Poilus à la tenue impeccable, bien rasés et très propres, ce qui n’avait rien à voir avec la réalité et énervait beaucoup les soldats quand ils les découvraient !
Le 26 décembre, les trois bataillons du 171e RI se sont rendus isolément à Commercy pour y cantonner, mais attention, comme l’écrit dans son ordre le Colonel de Certain: « les chefs de bataillons s’efforceront d’utiliser au mieux le temps passé en réserve pour remettre leurs bataillons en main ». Pas question d’un repos amollissant…