Au soir du 22 mars, il ressort que l’attaque a échoué : une maigre avancée des lignes s’est soldée par de nombreux morts et blessés.
Paul Madeux, du 2e bataillon placé en réserve et n’ayant donc pas participé à l’attaque (pas plus que Charles Galliet désigné pour rester garder le cantonnement) écrit dans son carnet :
« le soir même, quand , après avoir rampé, nous arrivions vers nos camarades pour les relever, nous constations que beaucoup d’entre eux étaient étendus à jamais sur le gazon ou accrochés aux réseaux.
Les lignes avaient simplement été avancées de quelques centaines de mètres.”
Les survivants, soulagés bien sur que, cette fois encore, la balle de la roulette russe n’ait pas été pour eux, devront affronter la perte de leurs camarades, avec lesquels ils avaient déjà tant partagé pendant ces longs mois d’épreuves toutes plus horribles les unes que les autres. Les blessés seront évacués vers « l’ambulance », hôpital de campagne chargé des premiers soins ; chaque fois que cela sera possible les morts seront transportés à distance et enterrés le plus dignement possible. Charles Galliet raconte, après une des batailles de décembre : « au sortir du service, groupés devant les tertres, nous entendîmes l’allocution du capitaine, et ceux que n’avaient pas émotionnés les balles, laissèrent se rougir leurs yeux aux paroles dites sur les tombes. »
Mais ce 22 mars, beaucoup de fantassins, accrochés dans les fils barbelés qu’ils n’avaient pas réussi à franchir, y restèrent sans que l’on puisse leur assurer une sépulture, ce qui était considéré comme le sort le plus affreux. Pour montrer à Charles Galliet leur attachement, deux fortes têtes qui lui avaient été confiées, lui avaient assuré : « si vous tombez un jour, nous irons vous chercher même sous les réseaux et nous vous rapporterons, mort ou blessé, nous en faisons le serment « .