Le Régiment était arrivé le 13 février à Levoncourt dans un piètre état : « qu’ils étaient sales nos frères d’armes après la période de tranchées qu’ils venaient de faire ! Tous étaient en train de se nettoyer, de « décrotter » leurs capotes, en un mot de remettre leur fourniment en ordre ; qu’ils avaient l’air fatigués par ces longues périodes de tranchées ! » s’exclame, dans son carnet, le caporal fourrier Paul Madeux qui vient de rejoindre son unité.
La fatigue des hommes n’empêcha pas leur vaccination contre la typhoïde :
«…Le lendemain, dans une cuisine abandonnée qui servait d’infirmerie, nous offrions notre chair aux piqûres du docteur Chrétien ; il fallait arrêter les ravages de l’épidémie de typhoïde qui sévissait dans nos régiments. J’en souffris peu, beaucoup de mes camarades terrassés par la fièvre demeurèrent pendant deux jours étendus sur la paille des cantonnements ; mais aucun ne murmurait, les séances de vaccination nous assuraient douze jours de repos. » écrit Charles Galliet.
Le 17 février cependant, les soldats furent transférés en « camion automobile » à 30 kilomètres de là, aux environs de Commercy, les bataillons se répartissant entre plusieurs villages : Void, Vacon, Ville Yssey, Sorcy, St Martin et Euville. Comme Vignot ceux-ci étaient d’agréables cantonnements.
« Nous ne pouvions regretter l’aride Levoncourt, mais nous nous retrouvions déjà plus près du Bois d’Ailly. Allions nous donc tourner toujours dans un arc de cercle maudit, autour de la forêt sanglante ? » s’interroge Charles Galliet.