Le mot « Ambulance » désignait pendant la Grande Guerre le poste de secours médical de campagne, installé près des lieux de combat. Voici une vivante description de son organisation, tiré du livre « Ceux de l’An 14 » de Georges d’Esparbès (Paris, 1917):
Un régiment de trois bataillons à quatre compagnies (comme le 171e !) vient d’arriver au front ; ses fusils commencent à partir.
Derrière chacun de ces bataillons, on voit le médecin, quatre infirmiers, puis le chef de musique et les brancardiers, au nombre de huit.
En arrière de cette première ligne de combat, se trouve un relais, éloigné de huit cents mètres, avec deux médecins aides-majors et trois infirmiers, plus quelques brancardiers.
Le paysage est celui de tous les champs de bataille : arbres coupés, terrain saccagé, trous énormes ; les couches d’air retentissent comme des plaques de tôle secouées.
Dans cet air de fer, un homme de liaison envoyé par le colonel vient en courant informer le médecin-chef qu’il faut installer un poste de secours.
Aussitôt le médecin-chef, le chef de musique, les brancardiers et tout le personnel de la formation sanitaire montent sur les voitures réquisitionnées, et se dirigent au grand trot en arrière du relais, à un kilomètre de distance environ, pour y former le poste de secours réclamé par le colonel.
D’un coup d’œil le médecin-chef choisit son poste : de préférence, une ferme en rase campagne, ayant si c’est possible, un filet d’eau à proximité. Halte !
Tout le personnel saute à terre. Les voitures médicales se rangent, chevaux non dételés. La grange s’ouvre ; on enlève les herses, les râteaux, tous les ustensiles de fermage. Chacun organise comme il peut soit un support, soit une table. Les uns déchargent les paniers de pansements, les autres préparent des boissons chaudes, du café, du thé. La paille est éparpillée sur le sol.
Cela a été exécuté en cinq minutes. Chacun sait ce qu’il doit faire, et le fait. Au loin la foudre gronde. Le médecin-chef désigne un homme de troupe et le place à la porte de la grange, pour recevoir les armes des blessés, les décharger. Désigné à son tour, un homme va se poster à deux cents mètres en avant, pour faire connaître aux blessés lorsqu’il arriveront, l’endroit où se trouve l‘ambulance ; c’est « l’indicateur ».
Voilà… il n’y a plus qu’à attendre les premiers blessés, ils ne vont pas tarder !