Les tranchées

Au début de la guerre, l’Etat-major français ne comptait que sur l’offensive et n’avait donc pas prévu que les soldats devraient, pour se protéger du feu ennemi, s’enterrer. La troupe n’avait donc jamais été préparée à cela, même si une petite pelle figurait au fourniment militaire (voir article précédent, « les pantalons rouges »).

Très vite, cependant, devant l’impossibilité de déloger l’ennemi de ses retranchements (les allemands, ayant retenu les leçons de la guerre russo-japonaise, avaient dès l’invasion prévu de consolider les positions conquises au moyen de tranchées bien construites et bétonnées), les Français se mirent eux aussi à creuser des sortes de fossés, vite appelés « tranchées ».

Voici un exemple de ce travail, décrit par Maurice Genevoix dans « Ceux de 14 » :

« En cinq minutes nous sommes à la haie d’épines que nous devions atteindre. Nous nous déployons en tirailleurs devant elle, presque dessous. Les hommes, le plus vite qu’ils peuvent, creusent la terre avec leurs petits outils, coupant les racines avec le tranchant des pelles-pioches. Au bout de quelques heures nous avons une tranchée étroite et profonde. »

Une fois creusée, la tranchée pouvait être élargie, étayée par des sacs de terre, du côté de l’ennemi, des abris ou « cagnas » y être aménagées contre la pluie ; de pluie il n’en manquera pas pendant toute la guerre, si bien que la troupe pataugera souvent dans la boue!

On le voit sur la photo ci-dessous, illustrant bien le côté « bricolage » de beaucoup de tranchées françaises.

tranchee

Les lignes devaient aussi être étalées en profondeur, réseaux parallèles de première et deuxième lignes, tracés en zigzag pour éviter les tirs en enfilade, reliés par des boyaux de communication.

Pour être prévenus d’une éventuelle attaque, des fils de fer auxquels étaient attachées de boîtes de conserve vides… mais ce dispositif, activé la nuit par le vent ou des animaux empêchait les poilus de dormir !

Au départ du moins, la vie dans les tranchées était loin d’être perçue comme un enfer : après les longues marches laissant les pieds en sang, les attaques meurtrières en rase campagne, elles apparaissaient plutôt comme des refuges: sur le journal de marche, pour les jours passés dans les tranchées peu de pertes humaines sont enregistrées.

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